L’atmosphère y est différente. Une certaine quiétude, presque spirituelle, règne et imprègne les lieux. L’air est limpide, seul le bruit des arbres que le vent fait siffler en perturbe la fraîcheur, auquel s’ajoute le chant des oiseaux et des insectes, le bruissement des graviers sous le poids des pas. Il y a quelque chose de magique au sanctuaire d’Ise (Ise-jingū), le plus sacré et le plus important des sanctuaires shintoïstes, où est conservé l’auguste miroir, l’un des trois symboles du pouvoir impérial. Un endroit calme et paisible, où les âmes peuvent vivre en paix à l’abri du monde moderne.
Le grand sanctuaire d’Ise est composé de deux sanctuaires bien distincts, le Naikū et le Gekū, distants l’un de l’autre d’environ six kilomètres. Le Naikū, souvent considéré comme étant le plus sacré des deux, est situé dans la partie sud de la ville. Fondé il y a plus de 2 000 ans, il est dédié à la déesse du Soleil, Amaterasu-ōmikami, qui trône au sommet du panthéon shintoïste. Au Gekū, établi il y a environ 1 500 ans et aujourd’hui situé au centre de la ville, sont vénérées les divinités de l’agriculture et de l’industrie. Environ 125 sanctuaires gravitent autour de ceux-ci. Plus de 1600 cérémonies s’y déroulent chaque année.
Depuis les temps anciens, les pèlerins ont pour coutume de se rendre au Gekū avant de rejoindre le Naikū. Si vous n’en avez pas le temps, à choisir, mieux vaut visiter le plus ancien et le plus important des deux, le Naikū. Le grand public ne peut cependant accéder à l’intégralité des deux sanctuaires. Au Naikū comme au Gekū, vous serez contraint de vous arrêter au niveau de l’enceinte extérieure et n’apercevrez guère plus que les toits de chaume des différents pavillons, protégés de toutes parts par d’imposantes palissades de bois. Quand bien même, se tenir là, à proximité de ces vénérables sanctuaires, est une expérience tout à fait émouvante.
Les immenses forêts primaires du sanctuaire couvrent à peu près un tiers de la ville d’Ise, soit environ 5 500 hectares. Les sanctuaires principaux, le Naikū et le Gekū, sont situés au beau milieu d’une ancienne forêt intégralement préservée de près de 90 hectares. Le bois nécessaire à la reconstruction des sanctuaires est prélevé au niveau des forêts de cèdres japonais, en périphérie.
Tous les bâtiments du Naikū et du Gekū, ainsi que le pont Uji, sont reconstruits tous les 20 ans, toujours sur un nouvel emplacement, à proximité du précédent. Cette pratique rituelle shintoïste découle du sens attribué à la mort et au renouvellement perpétuel de la nature, à l’impermanence de notre monde. A cause de cela et malgré son important patrimoine culturel et ses quelques 2 000 ans d’histoire, le sanctuaire d’Ise ne pourra jamais être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cela signifie également que les techniques traditionnelles de charpenterie et de menuiserie propres à la reconstruction des sanctuaires, dénommées « miya daiku », sont encore préservées de nos jours. En général, les préparatifs visant à la construction du nouveau sanctuaire commencent alors que l’ancien vient à peine d’être détruit.
Lors de votre visite, au Naikū comme au Gekū, si vous souhaitez vous recueillir il convient de vous approcher du sanctuaire en silence. Si vous souhaitez faire une offrande, jetez une pièce dans l’alcôve ou dans la boîte prévue à cet effet. Commencez par vous incliner à deux reprises. Ensuite, frappez dans vos mains deux fois à hauteur de torse, puis, en gardant vos mains jointes, fermez les yeux et penchez légèrement votre tête vers l’avant. Enfin, inclinez-vous respectueusement une dernière fois.
Au sanctuaire d’Ise, l’histoire est bien présente. Sentez cette atmosphère majestueuse, cette sensation de fraîcheur. Vous aurez l’impression d’avoir vécu quelque chose d’important, quelque chose d’unique qui marquera votre séjour au Japon.