Une réplique à l'échelle de Dejima (Photo: Mandy Bartok)

Dejima

Le lien entre le Japon et le monde à l'époque Edo

Une réplique à l'échelle de Dejima (Photo: Mandy Bartok)
Guillaume Doré   - 4 min read

Pendant plus de deux siècles, sous le règne des Tokugawa, le Japon était pratiquement coupé du monde. Les visiteurs et les idées étrangères étaient bannis par le shogun régnant et les Japonais eux-même n’étaient pas autorisés à quitter le pays. Le seul lien officiel avec le reste du monde était une petite île appelée Dejima, située dans le port de Nagasaki.

L’île de Dejima fut initialement construite dans la fin des années 1600 pour accueillir des missionnaires portugais démagogues. Une petite péninsule de terre fut choisie, puis un canal fut creusé autour pour détacher la péninsule de la ville. La nouvelle île en forme d’éventail, mesurant 190 mètres de largeur, n’accueillit pas les Portugais très longtemps. Une rébellion chrétienne soutenue par les Européens sur l’île de Kyushu dans les années 1630 mena à l’expulsion des Portugais. L’île devint rapidement la nouvelle demeure de marchands hollandais, bien qu’ils soient restés plutôt neutres dans le conflit religieux, le shogun ne faisait que très peu confiance aux étrangers. Les marchands hollandais de Hirado furent forcés de s’établir sur Dejima, où leurs descendants vécurent pendant les 200 ans à venir.

De nos jours, l’île de Dejima n’offre que très peu de ressemblance avec l’île isolée qu’elle fut jadis. Le développement urbain et la remise en état des terres eurent pour résultat que la mer entourant l’île n’existe plus. De nos jours, le tramway s’arrête à la porte ouest de l’« île », d’où les petits navires hollandais lancés depuis l’île venaient accoster pour décharger leurs biens. Si vous entrez par cette porte, la première section de bâtiments que vous rencontrerez est la plus ancienne, avec ses maisons d’un blanc frais, ornées de bleu et de vert, qui datent de 1820 environ. Une restauration complète de l’île ayant commencé dans les années 1990, les maisons sont d’une propreté impeccable et abritent d’excellentes expositions bilingues (anglais-japonais), du musée d’histoire à une série de photographies illustrant le processus de restauration. Vous pourrez aussi entrer dans plusieurs pièces historiques telles que la chambre du facteur en chef - avec son tout petit lit - et le bureau des officiers japonais. Ne manquez pas la salle à manger, qui présente une scène de repas de Noël au 19e siècle.

Plus loin, le long de l’allée pavée, se trouvent des bâtiments de pierre de la fin de l’époque Edo, qui remplacent les constructions de bois colorées. Une salle de projection montre en continue des films (avec traduction en anglais disponible) sur l’histoire et sur les résidents de Dejima, tandis qu’à côté, l’exposition archéologique présente une large collection d’objets en céramique et autres items de tous les jours découverts lors de la restauration.

La pointe est de l’île est dominée par des constructions de l’ère Taisho, notamment l’ancien Séminaire protestant (1878) et le Nagasaki International Club (1903). Dans le coin de l’île se trouve un modèle miniature de Dejima, qui donne un excellent survol de la petite communauté.

Bien qu’un travail énorme ait déjà été accompli, le plan à long terme implique de ramener l’île à son état original. Dans les années à venir, une série de canaux seront creusés sur les quatre côtés, afin que Dejima redevienne une île.

Guillaume Doré

Guillaume Doré @guillaume.dore