L'entrée principale est cachée par de luxuriants feuillages qui bordent la propriété. (Photo: Premier Hotel Group)

L'Hôtel Nasu Onsen Sanraku

Hôtel luxueux dans les montagnes de Nasu

L'entrée principale est cachée par de luxuriants feuillages qui bordent la propriété. (Photo: Premier Hotel Group)
Mélanie Lemaitre   - 10 min read

Sur les plaines japonaises, l'été peut être incroyablement chaud et humide, même à Hokkaido. La chaleur en elle-même est supportable mais, lorsqu'elle est accompagnée d'humidité, cela en devient déprimant. Vous avez alors besoin, soit de vous trouver près d'une plage (ce que la plupart des japonais font), soit d'aller en zone montagneuse, dans l'une des régions alpines. On dénombre environ une dizaine de zones montagneuses importantes à Honshu, aussi appelées "Kôgen" en japonais. Parmi celles-ci, les deux principales régions à visiter sont certainement Myoko Kôgen (le premier centre de ski du Japon) et Nasu Kôgen qui est situé sur les pentes du Mont Chausu.

Comment puis-je savoir que Nasu Kôgen est l'une des meilleures ? Et bien, en raison du fait que la famille impériale y possède une villa en tant que résidence secondaire !

En général, les "Kôgen" sont des plateaux créés à base de lave et situés au sommet de chaînes de montagnes volcaniques. Nasu Kôgen étant situé en hauteur, sur le flanc du Mont Chausu, il n'est certainement pas plat. Il en résulte que, depuis chaque chalet, chaque maison de vacances et chaque attraction touristique, on peut admirer pleinement, ou apercevoir, les immenses plaines situées en contrebas. De par cette position en hauteur, les vents soufflent à la verticale depuis le sommet de la montagne et nous permettent généralement de bénéficier d'une brise agréable en soirée, et ce même si un courant tropical chaud est en train de passer sur Honshu.

En dehors de la vue qu'ils offrent, Nasu Kôgen et le Mont Chausu sont connus à la fois pour le onsen local et pour une roche ancienne, la Sessho-seki (pierre Sessho). Celle-ci fut le lieu du dernier repos d'un renard diabolique à neuf queues issu du folklore. Quelques mètres au sud de la Sessho-seki, se trouve le merveilleux et ancien sanctuaire du onsen Nasu qui est un incontournable. Ce lieu de culte Shinto est simple mais raffiné et possède une cloche vraiment jolie (l'une de celles que vous faites sonner pour appeler les dieux). Cette cloche est maintenant teintée d'un beau violet irisé en raison de la réaction du bronze avec la fumée volcanique qui flotte au-dessus.

Mais la vraie raison qui nous a poussé à venir  fut notre envie de séjourner dans l'un des meilleurs onsen ryokan du Japon, le Nasu Onsen Sanraku (que j'abrègerai en Sanraku). L'hôtel est en fait un bâtiment historique rénové qui fut bâti en 1923 pour une riche famille de marchants appelée Mitsui. Il devint ensuite connu dans toute la région. On raconte en effet que les membres de la famille impériale y ont séjourné quelques temps une fois que sa construction fut achevée. Le bâtiment fut érigé dans le style Prairie, rappelant ainsi les réalisations de Frank Lloyd Wright, mais avec de nombreux éléments esthétiques de style japonais. Ce bâtiment est donc à la fois familier et différent.

On ne peut pas voir le bâtiment principal depuis la route car il est caché dans un petit bois mais, une fois qu'on sort et qu'on commence à explorer les environs, on se rend compte du travail derrière le décor, l'architecture et les nombreux éléments qui font de cet endroit un plaisir pour les yeux. Un grand nombre "d'alcôves" vitrées et de fenêtres, qui vont du sol au plafond et sont disposées le long des murs principaux, nous permettent d'observer des jardins japonais, des chutes d'eau miniatures et le ruissellement de l'eau.

Je suis resté deux nuits au Sanraku et la première nuit on m'attribua une chambre au deuxième étage depuis laquelle on avait une vue d'ensemble du jardin et des arbres qui le bordaient. J'avais conduit mon vélo toute la journée pour venir à l'hôtel donc, après avoir monté et descendu des collines, à bout de souffle, sur plus de 80 kilomètres, je ne pensais plus qu'à prendre un long bain chaud. J'ai rapidement revêtu le kimono obligatoire de taille XL et je me suis dirigé vers l'ofuro pour hommes qui était spacieux et disposait d'une belle vue. La zone de bain principale s'ouvre sur un rotenburo de plein air, non-mixte, où vous pouvez entendre les insectes et le bruissement des feuilles d'arbres.

En fait, j'étais si fatigué que je n'ai pu m'empêcher d'être un peu "vilain" et j'ai fait la "grenouille à moitié plongée dans l'eau bouillante". Qu'est-ce que c'est ? Eh bien, une chose vraiment appréciable avec les onsen situés dans les montagnes japonaises est que les soirées sont fraiches et vous pouvez vous appuyer contre une large pierre lisse située au bord du bassin, comme une salamandre dégingandée ! De cette façon, vos jambes et votre dos sont réchauffés alors que la partie supérieure de votre corps se trouve rafraichie. Vous pouvez donc rester plus longtemps que d'habitude dans l'onsen. Je suis sûr que cela n'est pas en adéquation avec le comportement des japonais dans les onsen mais, en cette première nuit, les clients n'étaient pas très nombreux. Je n'ai donc pas choqué un trop grand nombre de personnes.

De retour dans ma chambre, le dîner était constitué de nombreux mets avec des produits de la mer frais et préparés de nombreuses manières (je leur avais fait savoir à l'avance que je ne mange pas de viande). Mes mets préférés furent les cubes de thon toro surmontés de yamaimo-oroshi (une pomme de terre venant des montagnes et finement râpée) dans le style yamakake ainsi que l'assortiment de produits de la mer servi avec une compote de figue sans sucres.

La deuxième nuit, suite à une annulation, le manager, M. Harada, qui est très gentil, m'a proposé d'occuper une chambre de luxe située au rez-de-chaussée. N'étant pas du genre à refuser que l'on m'offre quelque chose gratuitement, je me suis empressé de rassembler mes affaires et la Nakaya (employée de l'hôtel) a tout emporté au rez-de-chaussée. La chambre en elle-même n'était pas radicalement différente, jusqu'à ce que je me rende dans la salle de bain. C'est alors que j'ai compris pourquoi les clients réservaient les chambres situées au rez-de-chaussée. Là, juste à côté de l'habituel espace de douche, se trouvait un rotenburo en bois de la taille de deux grandes alcôves pour boire le thé. Le bois vieilli était magnifique et un filet d'eau de source chaude coulait en continu. Cette nuit-là, après m'être assuré que les buissons des alentours m'offraient un peu d'intimité, je me suis assis dans ce rotenburo et j'y suis resté environ une heure, baignant dans cette eau et cette vapeur, méditant et écoutant les bruits de nuit de la forêt environnante. Ce fut juste magique !

Il y a de nombreuses choses à faire autour de Sanraku mais vous aurez vraiment besoin de posséder une voiture de location pour rendre justice à cet endroit. Vous pourrez choisir parmi les terrains de golf, les bains de pieds gratuits à l'extérieur du sanctuaire Nasu Onsen, le télécabine du Mont Chausu qui vous conduira à une vue panoramique sur la région, la ferme laitière Minamigaoka qui est ouverte au public et est géniale pour les enfants, le Nasu Safari Park, l'usine de fromage Ima Farm ou encore, mon préféré, la multitude de cafés et de restaurants qui s'étendent de Sanraku et descendent la colline jusqu'à la voie express du Tohoku située en bas. Je suppose que cette région attire également les artistes en raison des galeries que l'on trouve aussi parmi les cafés.

Si vous ne conduisez pas, vous rendre à Sanraku nécessitera de vous y prendre un peu à l'avance. Vous pouvez prendre le Shinkansen jusqu'à la gare Nasu-Shiobara puis prendre un bus ou un taxi pour les dix derniers kilomètres. Vous pouvez aussi louer une voiture à la gare Nasu-Shiobara et conduire jusqu'à Sanraku. Enfin, si vous vous y prenez suffisamment à l'avance, une navette de l'hôtel peut venir vous prendre à la gare.

En fait, j'ai roulé jusqu'à Sanraku sur mon vélo ! J'ai voyagé depuis Kinugawa, situé environ 80 kilomètres au sud. Bien que venir ici ne fut pas si difficile que ça, je dois dire que gagner 500 mètres de hauteur sur les 6 derniers kilomètres était un peu surprenant et brutal après avoir passé la journée à pédaler. J'étais très heureux d'avoir réussi à arriver au sommet ! Mais, ça en valait vraiment la peine. Sanraku fait partie de ces endroits à garder dans un coin de sa mémoire au cas où un jour vous souhaiteriez emmener une personne spéciale faire un séjour dans le nord.

Mélanie Lemaitre

Mélanie Lemaitre @mélanie.lemaitre