Façades du Kotan (Photo: Julien GIRY)

La Mémoire Aïnou au Kotan d'Akanko

Danse et artisanat au bord du lac de montagne

Façades du Kotan (Photo: Julien GIRY)
Julien GIRY   - 4 min read

Au-delà des musées éparpillés aux quatre coins d'Hokkaido, la culture Aïnou est à découvrir en montagne, sur la rive du lac Akan. Des descendants du peuple natif de l'île du Nord y animent un « kotan » reconstitué – « village » dans la langue Aïnou. Et entre les échoppes d'artisanat se trouve le précieux théâtre « Ikor » (« trésor »), lieu de préservation et d'étude de la mémoire Aïnou.

Ils sont les premiers à l'admettre. Si leurs sculptures de bois sont d'aussi bonne facture, élégantes, détaillées et figuratives, c'est en bonne partie grâce aux touristes. Bien sûr, avant leur installation au Kotan d'Akanko il y a cinquante ans, les Aïnous étaient des ébénistes réputés – il suffit de voir les pirogues anciennes pour s'en convaincre. Mais la sculpture d'objets en bois n'était qu'un aspect de la vie difficile que menaient les natifs d'Hokkaido. Depuis quarante ans avec le boom du tourisme Aïnou dans les années 1970, l'artisanat est leur activité principale.

Le Kotan d'Akanko se compose de 36 bâtiments où résident plus d'une centaine d'Aïnou. L'unique rue est dédiée des deux côtés aux boutiques d'artisanat en bois. Pendant que derrière les vitrines, à portée de regard du touriste, les Aïnous manient les couteaux à bois. Forcément l'ensemble a un petit côté factice : les maisons de ciments plaquées de bois décorées n'ont rien à voir avec l'habitat qui a longtemps était celui des Aïnous.

Mais le village n'a pas la prétention d'être « authentique » : il est avant tout un lieu où les Aïnous sédentarisés ont trouvé un moyen de subsistance. Et un lieu sérieux de préservation de la mémoire. Au sommet du Kotan, sous les ailes protectrices d'une grande chouette (animal qui était pour les Aïnous l'incarnation d'une divinité veillant sur leurs villages), se trouvent le théâtre Ikor. Un lieu qui se veut « une base pour transmettre l'héritage de l'histoire et de la culture Aïnou », et qui abrite une annexe de l'université d'Hokkaido dédiée à ce domaine.

Tous les jours, des descendants d'Aïnous y présentent des danses et des chants traditionnels (entrée à 1000 yens pour un adulte). Car l'expression physique des émotions était une composante à part entière du quotidien du peuple d'Hokkaido, que ce soit au moment de rituels, en familles ou pendant le travail. Le spectacle est aussi l'occasion de découvrir les tenues d'apparat et les motifs complexes des tenues aïnous. Le tout au son de la guimbarde.

Julien GIRY

Julien GIRY @julien.giry