Depuis bientôt 300 ans, les habitants de Jôhana sont habités par la même passion et par une égale fierté pour leur matsuri.
Des matsuri (fête traditionnelle souvent en relation avec les divinités shintoïstes) au Japon, il y en a des centaines, voire des milliers, tout aussi intéressants les uns que les autres. Cependant, celui de Jôhana, a quelques traits uniques.
L’une des particularités de ce festival, c’est le fait que la veille de la fête, les six divinités de la ville sont ‘invitées’ à dormir chez des particuliers (ceci est nommé yamayado). Ces derniers ont dépensé une fortune afin d’aménager une grande pièce pour accueillir leur hôte de marque. On a changé les tatamis, décoré la pièce d’objets précieux, invité famille et amis pour qu’ils participent à cet événement unique. Avant que dieux et humains ne dorment, la statue de la divinité est exposée sous son meilleur jour afin que les habitants et visiteurs viennent l’admirer. Le lendemain, elle sera hissée sur un immense char (hikiyama) d’environ cinq mètres de haut et paradée lors du matsuri. Ce jour-là, un magnifique défilé composé de mikoshi (temple portatif transportant les divinités shinto locales le jour de la fête), de magnifiques ombrelles, de six iori-yatai et de six chars, animera les rues de la ville.
Si les yatai, sorte de palanquin surmonté par une maquette de maison de thé ou de temple, ne sont pas spécifiques à la fête de Jôhana, les iori yatai , eux, le sont. Il s’agit donc de maisons de thé miniatures que les riches habitants de la ville (au XVIIIe siècle, Jôhana était une ville prospère grâce au commerce de la soie) avaient fait fabriquer en souvenir de leurs séjours dans les maisons de thé à Kyoto ou Edo.
Nostalgiques du son du shamisen et des chansons romantiques des geishas, ils décidèrent que les jeunes hommes de la ville joueraient de la musique et chanteraient cachés sous les iori yatai . Cette coutume est restée et les garçons de Jôhana apprennent dès leur plus jeune âge les iori-uta afin de pouvoir chanter ou jouer de la musique le jour de la fête. Ils s’arrêteront alors devant les maisons dont les propriétaires ont fait un don au comité du quartier et interpréteront leurs mélodies. C’est un vrai bonheur de voir les habitants et leurs invités, assis sur des tatamis, écouter attentivement ces complaintes provenant du dessous des magnifiques yatai. On est transporté dans le passé.
Ce matsuri est une fête des sens. Les iori-uta, le crissement des roues des chars chatouillent l’ouïe tandis que les splendides sculptures et laques qui ornent les mikoshi, les chars et les yatai ravissent les yeux.
Le soir, chars et yatai sont parés de lampions et défilent une dernière fois dans une ambiance féérique.
Informations pratiques :
Jôhana est une petite ville de l’agglomération de Nanto dans la préfecture de Toyama.
Le Hikiyama matsuri a lieu chaque année les 4 et 5 mai, le 5 mai étant le jour du festival qui dure du matin jusqu'au soir (environ 22 heures).
Pour encore plus d’authenticité, l’office de tourisme offre la possibilité de louer des kimonos et une place chez l’habitant pour s’asseoir sur les tatamis tout en écoutant les chants des hommes installés sous les iori-yatai. Un bento est également compris dans le prix.