A l'intérieur de l'installation gonflable de Shiro Matsui (Photo: Dorian Libet Descorne)

LE FESTIVAL DE LA TERRE ET DE L'EAU

Une journée dans le festival phare de Niigata

A l'intérieur de l'installation gonflable de Shiro Matsui (Photo: Dorian Libet Descorne)
Dorian Libet Descorne   - 6 min read

Du 14 juillet au 8 octobre se déroule à Niigata le festival de la Terre et de l'Eau. Ce festival, né en 2009, prend place dans la ville de Niigata, capitale de la province éponyme. Il se compose en grande partie d’art moderne, mais est aussi composé d’ateliers culturels, et d’évènements en tout genre. Cette année, le festival a voulu se présenter comme une ouverture de Niigata au Japon et au monde, en invitant à la fois des artistes locaux et étrangers, avec comme problématique : « D’où venons-nous, et où allons-nous ? ».

Etant à Niigata durant l’été, j’ai été attiré par le concept de ce festival, s’interrogeant sur la culture traditionnelle et moderne de Niigata, et sa relation à la terre et à la mer. Ma première destination fut l’espace Bandaijima, ancien camp de base d’une coopérative de pêcheurs, reconverti en lieu public, et accueillant les œuvres de différents artistes durant le festival. L’endroit est parfaitement choisi pour ce festival, tant son lien fort avec le monde de la mer correspond parfaitement aux œuvres présentées en son sein. Ici les différents plasticiens nous présentent des créations oniriques qui nous plongent dans leur réflexion autour de la mer : une mer de bateaux flottants dans ce grand espace suspendus au plafond par une multitude de fils blancs, une installation gonflable qui semble nous plonger sous la surface de l’eau, et d’autres œuvres tout aussi fascinantes… L’immersion est réussie, et constitue une parfaite introduction à ce festival.

Ensuite direction la partie plus ancienne de la ville, où l’art moderne est venu s’immiscer dans quelques bâtisses traditionnelles de la ville. Je commence par la maison Sakyukan, demeure traditionnelle d’un ancien richissime banquier. Le lieu est fascinant, car les artistes se sont installés dans les moindres recoins de la propriété, et toutes les pièces, même le jardin, ont été investies par les artistes. L’art moderne est en parfaite osmose avec ce décor japonais traditionnel, et on peut quelquefois déceler un échange entre moderne et ancien. C’est notamment le souhait de Endo Toshikatsu, qui présente avec « Trieb – Tatami, modern » une réflexion sur l’évolution de la société japonaise et de sa culture. Sa création se compose d’une pile de tatamis brûlés présentés dans une des pièces de la demeure, comme pour mettre au défi ce symbole de la culture traditionnelle japonaise. D’autres demeures symboliques de Niigata sont investies, comme la maison d’été de la famille Saito, qui est peut-être la plus belle demeure traditionnelle à Niigata. La famille Saito étant l’une des plus riches du début de l’ère Meiji (fin XIXe siècle), leur résidence est parmi ce qui se faisait de plus beau à cette époque. Avec sa salle principale complètement ouverte sur le jardin, la maison fait forte impression sur chaque visiteur. Les créations d’art moderne se font ici plus discrètes, comme si elles étaient intimidées par la sérénité dégagée par cette bâtisse exceptionnelle. Quoi qu’il en soit, le mélange entre art moderne et culture traditionnelle est réussi, et crée un résultat aussi inattendu qu’intéressant.

Le festival a aussi investi d’autres lieux dans la ville, comme certains musées et lieux d’arts où les artistes ont carte blanche, mais aussi des paysages naturels, comme des parcs ou même le littoral. Partout où elles s’insèrent, les œuvres du festival de la Terre et de l’Eau se fondent parfaitement au décor, et la réflexion qu’elles amènent est mise en relief par l’endroit où elles sont exposées.

En une journée j’ai donc parcouru tout Niigata, dont j’ai découvert le patrimoine culturel énorme, alimenté par une histoire riche, un environnement des plus agréables, une communauté soudée, ouverte et curieuse, et un potentiel artistique impressionnant.

Le festival, qui se déroule donc approximativement pendant quatre mois, est aussi composé d’ateliers et d’évènements mis en place par des gens de la région dans lesquels les habitants partagent leur savoir-faire et leur culture. Si le festival est très apprécié des locaux, il se veut ouvert à tous, dans l’optique de partager le riche patrimoine culturel de Niigata à travers le monde. J’ai seulement participé au festival durant une journée, mais cela vaut le coup de regarder à l’avance le calendrier du festival afin de participer aux différents évènements qui rythment le festival pendant quatre mois.

Se rendre ici

Se rendre à Niigata depuis Tokyo:

- direct en Shinkansen (10 050¥-14 160¥ selon le tarif choisi)

- possiblité de voyager en bus pour une solution plus économique (environ 4 000¥)

Dorian Libet Descorne

Dorian Libet Descorne @dorian.libetdescorne

 Etudiant français, je suis pour six mois au Japon dans la ville de Niigata. Curieux depuis toujours de découvrir le Japon et sa culture, j'ai enfin l'occasion de le faire, et j'ai envie de partager cette découverte!