Remarquez la technique de ce moine à Asakusa à Tokyo. Il supporte son poignet sur sa main tout en s'assurant de ne pas tacher le sceau du temple précédent (Photo: Richard Mulvihill)

Le Livret de Sceaux des Temples

Le goshuinchō : un souvenir unique et original du Japon

Remarquez la technique de ce moine à Asakusa à Tokyo. Il supporte son poignet sur sa main tout en s'assurant de ne pas tacher le sceau du temple précédent (Photo: Richard Mulvihill)
Guillaume Doré   - 6 min read

Voici un souvenir du Japon qui n'est ni un sushi en plastique, ni un cuiseur de riz à l'effigie de Hello Kitty. Les livres de sceaux des temples sont de petits cahiers que l'on emporte dans les temples et sanctuaires partout au Japon. On l'appelle Goshuinchō, littéralement « honorable cahier de sceaux rouges ». Avec un tel nom, collectionner les sceaux semble déjà être excitant.

Comment ça marche

Lors de votre première visite dans un temple, vous pouvez acheter un Goshuinchō. Vous donnez ensuite votre livre à un moine du temple. Le moine utilise de l'encre noire pour calligraphier le nom du temple ainsi que la date, utilisant une technique traditionnelle. Ensuite, il estampille votre livre avec un sceau rouge, spécifique au temple. Vous payez (faites un don) ensuite quelques centaines de yen (normalement de 200 ¥ à 500 ¥) et on vous redonne votre livret avec sa magnifique calligraphie et son sceau rouge vermeil (le tout appelé goshuin). Au prochain temple, vous n'aurez pas à acheter un nouveau livre, vous n'avez qu'à leur donner celui que vous possédez déjà. Le moine placera sa calligraphie directement à côté de celle que vous avez déjà. À la fin de votre voyage, vous aurez une collection d'œuvres originales qui retracent littéralement votre voyage au Japon.

Chaque livret sera différent, car outre le nom et la date qui diffèrent, chaque temple et chaque moine possède son propre style. L'ordre dans lequel vous visitez les temples rend aussi chaque livre unique. Le plus intéressant est que le livre se déplie comme un accordéon. Il peut donc s'ouvrir comme un rouleau plié, donc chaque page peut être visible d'un seul coup d'œil (voir photo). J'ai parlé avec plusieurs personnes qui les ont mises dans un cadre panoramique pour les afficher sur leurs murs.

Voyage et tampons

Lorsque vous aurez développé l'habitude d'emporter votre Goshuinchō avec vous à chaque fois que vous vous déplacez au Japon, vous développerez un œil d'expert pour trouver les sceaux rouges. Vous commencerez à remarquer des tampons partout où vous allez, comme dans les gares et les arrêts autoroutiers, Vous en trouverez même à des endroits comme le Musées du mémorial de la paix à Hiroshima, ou le musée Edo-Tokyo. Au Japon, les tampons et les voyages vont de pairs, tout comme les sushis et la sauce soja. Ce n'est pas seulement un complot marketing ; cette relation entre les tampons et le voyage est fermement encrée dans l'histoire et dans la culture du Japon.

Leur origine se trouve dans la pratique de pèlerinage vers des lieux saints et sacrés. Ces destinations pouvaient être des lieux naturels tels que le Mont Fuji ou le Mont Koya, ou un lieu sacré unique tel que le sanctuaire d'Ise. Cette pratique s'est développée en circuits plus complexe tels que les 88 sites sacrés du Shikoku ou les 33 sites sacrés du Saigoku, où un groupe de temple dédiés à la même divinité sont visités. Puisqu'il n'y a aucun temple plus important, chaque temple doit être visité.

Depuis aussi longtemps que 750 AD, les Japonais ont tenté de répertorier les temples qu'ils avaient visités, d'où la motivation pour les temples de créer ce livret. Il est dit qu'à ce moment, les prêtres signaient les livres pour indiquer que vous étiez à cet endroit. Si le moine était absent, vous deviez vous contenter du sceau. Avec le temps, les signatures et les sceaux sont devenus de plus en plus élaborés et se sont développés en leur forme actuelle.

Dans certains grands temples, ne soyez pas surpris si on vous donne un numéro au moment de faire calligraphier votre livret. Ils peuvent être si occupés par un grand nombre de livrets à remplir, qu'on vous demandera de reprendre votre livret à la sortie. Vous pourrez alors profiter de ce moment pour visiter le temple.

Dans plusieurs grands temples, on offre aussi des livrets uniques et plus coûteux. Certains d'entre eux sont magnifiquement brodés avec une image du temple. Mon favoris est un livret très rare disponible à Koya-san, livret dont la couverture est faite de bois des forêts sacrées des monts Kii et de la forêt de Koya où se trouve le temple.

Je n'essaie pas de vous empêcher de vous procurer vos sushis de plastique ou vos produits Hello Kitty. Je vous dis seulement qu'en plus de vos souvenirs plus branchés, n'oubliez pas de vous trouvez un goshuinchō et de l'emporter avec vous dans les temples. C'est un souvenir abordable lors de votre voyage, mais aussi un objet qui gagnera en beauté à chaque visite. 

Note du traducteur : Certaines personnes rapportent que les moines peuvent refuser de calligraphier un livret dans lequel on aurait appliqué un tampon. Ne prenez pas de risque, emportez un carnet de note vierge pour les tampons commémoratifs et conservez votre goshuinchō pour les temples. Bonne visite.

Guillaume Doré

Guillaume Doré @guillaume.dore