Un paysage rural, à la périphérie d'Hiraizumi (Photo: Andy Checkley)

Hiraizumi

L'héritage d'un glorieux passé

Un paysage rural, à la périphérie d'Hiraizumi (Photo: Andy Checkley)
Julian Bohler   - 4 min read

De vieilles dames bavardent devant la porte d’entrée de leurs maisons. En arrière-plan, les rizières s’étendent au pied des montagnes. Des panneaux publicitaires rappelant les années 90, aux couleurs passées, décorent de petites échoppes. Difficile d’imaginer que ce recoin de la préfecture d’Iwate fut, il y a bien longtemps, le centre culturel et commercial autour duquel gravitait près du tiers du Japon.

Il y a environ mille ans, le clan des Fujiwara du Nord prit possession du Tōhoku pour en faire son empire, empire dont l’indépendance ne fit que croître au dépend de la cour de Kyoto, alors en pleine décadence. Les ressources d’or de la région se concentraient autour d'Hiraizumi, dont la splendeur égalait autrefois celle de sa rivale, la capitale impériale.

Pour ceux d’entre vous qui ont lu le Heike Monogatari (traduit en français sous le titre Le Dit de Heike), Hiraizumi résonne de nombreux noms familiers. Nombre d'entre eux y ont souffert, avant d'y vivre leurs derniers jours.

La période de paix de l’ère Heian connut paradoxalement une fin violente en 1185. Après avoir éradiqué leurs rivaux, le clan Minamoto dut faire face à un autre problème : il peut être difficile de gouverner avec autant de « frères », tous capables des plus grandes prouesses guerrières.

Inévitablement, de jeux de pouvoir en trahisons, ce fut vers Hiraizumi que Minamoto no Yoshitsune s’enfuit, trouvant refuge auprès des Fujiwara du Nord.

Et ce fut donc au début de l’ère Kamakura (1185-1333), sous le régime militaire mené par son frère Yoritomo, que les Fujiwara d'Hiraizumi furent décimés. Leur capitale mise à feu et à sang, la destruction du clan fut synonyme d’unification pour un Japon qui entra par la même de plein pied dans une période féodale.

Lieu de pèlerinage, flambeau architectural devenu source d’inspiration, la ville, réduite en cendres, ne retrouva jamais sa splendeur d’antan. Aujourd’hui, de cet âge d’or de la famille Fujiwara ne restent même plus les ruines - la plupart des sites actuels ont été bâtis sur les anciennes ruines. Malgré cela, les vestiges ayant miraculeusement échappé aux flammes destructrices valent vraiment le coup d’être vu.

Depuis la gare de Sendai, une liaison régulière vous permet de rejoindre Ichinoseki pour 1700¥. En un peu moins de deux heures, c’est l’option la moins chère qui s’offre à vous. Depuis Ichinoseki, une correspondance vous permettra ensuite de rejoindre Hiraizumi en un peu moins de 10 minutes. Si vous souhaitez privilégier le confort, vous pouvez opter pour un train direct ou le Shinkansen – solution toujours plus rapide, mais qui vous coûtera une petite fortune.

A votre arrivée, je vous conseille de louer un vélo auprès du sympathique commerçant dont la boutique se trouve juste devant la station – 500¥ les 2 heures, 1000¥ la journée. La ville n’est pas très grande, mais les différents sites étant éparpillés un peu partout, vous pourrez les rejoindre plus vite à vélo et prendre tout votre temps pour visiter et profiter des paysages.

Julian Bohler

Julian Bohler @julian.bohler

Born in France, I was twenty years old when, passing by a local bookstore, a book about Japanese characters caught my attention. This was my first encounter with Japan, and one that would change my life in many ways. Earning a degree in Japanese Studies with a major in Japanese religions and f...