Vous êtes devant la gare de Kyoto, cathédrale aux reflets de verre dont l’ombre se projette sur vos épaules. Sous vos yeux, la tour de Kyoto s’élance vers le ciel. L’horloge résonne, il est midi.
Stéphane Rotenberg, l’animateur du jeu télévisé Pékin Express, vous remet une enveloppe. Le but du jeu est simple : rejoindre votre destination le plus vite possible pour empocher le pactole. La sueur commence à perler sur votre front. Vous avez 3 heures pour rejoindre le marché aux poissons de Tsukiji à Tokyo et seulement 20 000 yens en poche. Comment faites-vous ?
Une bonne idée pour commencer : essayez la boutique de billets à prix réduits située dans la diagonale opposée de la gare, sur Shiokoji-dōri (la rue Shiokoji), à environ 50m à l’est de la tour de Kyoto. La boutique vous propose des billets d’avion, de train et de bus pour Tokyo de 5 à 15% moins chers. Vous pouvez également trouver une de ces boutiques au centre commercial Aeon à Mukō, au sud-ouest de la gare.
Environ 500km séparent Tokyo de Kyoto. A votre place, à moins d’être l’Homme qui valait trois milliards ou Wonder Woman, je n’essaierais même pas d’y aller en courant... En marchant, cela vous prendrait au minimum 12 jours ! Autrefois, il existait bel et bien un système de coursiers sur cette route, agrémenté de points relais qui permettaient aux coureurs de se reposer, ou à un autre coureur de prendre le relai du précédent. C’est d’ailleurs ce système qui a inspiré le Hakone Ekiden, un marathon relais entre Tokyo et Hakone.
La route côtière reliant Tokyo à Kyoto s’appelle la route du Tōkaidō. Elle fut immortalisée au XIXème siècle par Utagawa Hiroshige, qui réalisa une série d’estampes (ukiyo-e) devenue célèbre : Les Cinquante-trois Stations du Tôkaidô. De nos jours, la « Tōkaidō » désigne plus généralement la ligne de train reliant Tokyo, Kyoto et Osaka. Elle passe également par Yokohama, Hamamatsu, Nagoya et Gifu.
Devant ce défi, ma première réaction fut de me ruer vers l’aéroport et de prendre l’avion pour Tokyo. Le bus effectuant la navette jusqu’à l’aéroport part de la sortie sud de la gare JR de Kyoto et m’amène à l’Aéroport Itami d’Osaka en moins de 50 minutes. Assis bien confortablement dans un fauteuil du salon VIP Sakura, je devrais probablement remercier ma bonne étoile d’avoir pu être surclassé en Première pour seulement 8000¥ de plus. L’avantage au Japon, c’est que les vols décollent à l’heure et avec seulement deux trajets en train de plus, je rejoins Tokyo en 3 heures et 54 minutes précisément, pour un total de 26 300¥ (tarif hors supplément 1ère classe). Les touristes étrangers peuvent aussi acheter le Yokoso Japan Pass ou le Japan Air Pass et profiter de vols sur ce secteur pour seulement 10 000¥ (pass à acheter avant votre départ depuis l’étranger).
Depuis peu, des compagnies aériennes low cost comme Peach ou Jetstar proposent des vols Osaka-Tokyo (de l’aéroport du Kansai à Narita) pour 4000¥, mais après avoir payé 3000¥ de plus pour rejoindre l’aéroport en train et passé une bonne heure dans les transports en commun, l’offre ne parait plus si avantageuse. Il vaut mieux utiliser ces compagnies low cost pour des trajets plus longs, pour aller à Sapporo par exemple.
Et si je prenais le train ? Le Shinkansen Nozomi 224, le plus rapide, part à 12h06 et, après un changement à Shinagawa, j’arrive à Tsukiji à 14h40. 2 heures et 34 minutes de trajet pour seulement 13 130¥ ! Deux fois moins cher que l’avion !
Les détenteurs du Japan Rail Pass n’ont malheureusement pas accès au Nozomi (nozomi signifie « espoir » en japonais), mais le Hikari (un autre Shinkansen, hikari signifiant « lumière ») prend seulement 20 minutes de plus.
Le Shinkansen Kodama prend lui près de 4 heures pour rejoindre Tokyo. Plus lent, il est généralement moins fréquenté mais ne manque pas de charme pour autant. Vous pourrez apprécier les sourires et l’émerveillement des jeunes écoliers pour leur premier voyage en Shinkansen, ou profiter de nombreuses correspondances vous permettant de rejoindre certaines régions moins touristiques du centre du Japon, comme Odawara, porte d’accès aux stations thermales du Chūbu, ou découvrir certains petits villages à l’ombre du mont Fuji.
En achetant votre billet pour le Kodama au moins un jour à l’avance, vous pouvez bénéficier du Puratto Kodama Economy Plan, qui vous permet de réserver une place assise pour 9 800¥ au lieu de 12 710¥ si vous l’achetez le jour même. Une solution économique pour ceux d’entre vous qui n’ont pas de JR Pass. Vous pouvez l’acheter au guichet des agences suivantes : l’agence JR Tokai Tours ou le guichet JR des gares de Tokyo et de Shinagawa ; aux comptoirs des agences JTB ou JTB Traveland à Osaka et à Nara. A la gare JR de Kyoto, ces deux agences se trouvent respectivement au premier étage au niveau de la sortie centrale (central exit) et au rez-de-chaussée au niveau de la sortie sud (hachijo exit).
Le Puratto Kodama Economy Plan est particulièrement avantageux pour les nombreux voyageurs qui choisissent aujourd’hui d’arriver à l’aéroport du Kansai et de repartir depuis l’aéroport de Narita à Tokyo. Une autre nouvelle formule, le Central Japan Flex Rail Ticket, inclut un billet aller-retour Tokyo-Kyoto ou Tokyo-Osaka en Shinkansen (retour valable 7 jours après utilisation du billet aller), la possibilité de prendre le Nozomi (place assise non garantie) ainsi qu’un pass journée valable sur tout le réseau de bus et toutes les lignes de métro de Kyoto, le tout pour 21 000¥ au lieu de 27 460¥. Et avec les 6 460¥ de différence, vous pouvez vous payer deux nuits d’hôtel au Hana ou chez Khaosan !
Au départ de Kyoto, quatre à cinq Nozomi partent pour Tokyo toutes les heures pour deux Hikari seulement (qui eux partent systématiquement à la même heure : 7h29, 8h56, 8h29, 9h56, etc.). Le Kodama part lui toutes les heures à partir de 8h09. Le second est à 9h09 et ainsi de suite, le dernier partant à 19h09.
Depuis Tokyo, un Nozomi à destination de Kyoto part toutes les 10 minutes, alors que le Hikari part toutes les 30 minutes de 7h à 20h (de la même manière, à 7h03, 7h33, 8h03, 8h33, etc.). Pour les lève-tôt, le premier train part à 6h le matin, le dernier un peu après 22h. De même, le Kodama part toutes les demi-heures (7h26, 7h56, 8h26, etc.), avec une correspondance à Nagoya pour un train sur deux. A noter que les jours fériés, la fréquence des Nozomi est en général plus élevée aux alentours de midi.
Attention, les trains sont régulièrement bondés lors des grandes périodes de vacances, typiquement lors du Nouvel An, de la Golden Week ou de O-Bon. Un conseil, réservez vos places à l’avance pour éviter de rester à quai.
A peine plus rapide que la marche, le billet Seishun Jūhachi (Seishun Jūhachi Kippu en japonais) est, en périodes de vacances, parfait pour les routards et adapté aux budgets serrés. Bien à l’écart du Shinkansen, cet itinéraire vous imposera 6 changements, de trains locaux en trains locaux (l’équivalent de nos TER pour ainsi dire, mais avec un réseau beaucoup plus développé), pour arriver à Tokyo après 8 heures et 32 minutes de voyage, juste à l’heure pour pouvoir récupérer votre chambre d’hôtel. Chaque coupon coûte seulement 2300¥, mais vous pouvez également acheter un carnet de 5 coupons, valables sur 5 jours ou pour 5 personnes (un coupon = une journée de voyage en illimité). Ces billets sont utilisables uniquement aux périodes suivantes : du 1er mars au 10 avril, du 20 juillet au 10 septembre et du 10 décembre au 20 janvier.
Voyager en bus, de jour ou de nuit selon vos préférences, vous coûtera entre 4000 et 10 000¥. Si, d’ordinaire, vous avez du mal à dormir en bus, vous pouvez également opter pour le train de nuit (avec couchettes), à partir de 14 600¥. Voir la ville s’éveiller aux premières lueurs de l’aube est une merveilleuse façon d’entamer une nouvelle journée.