Jolie ventilation (Photo: Rod Walters)

La Villa Garyu Sanso

Folie architecturale surplombant la rivière Hijikawa

Jolie ventilation (Photo: Rod Walters)
Isabelle Despert Okumura   - 4 min read

J'ai visité Garyu Sanso par une chaude journée d'automne juste quand les feuilles commençaient à changer de couleur. Cet « ermitage de montagne » a été construit par le riche marchand Torajiro Kochi à l'ère Meiji quand la ville d'Ozu prospérait dans la production du papier et des bougies.

On accède à la villa Garyu Sanso par une ruelle bordée de vieilles maisons plutôt décrépies et qui donne sur une rue pittoresque, Ohanahan Dori, avec des maisons traditionnelles.

Au dessus d'un mur ondulant coiffé de tuiles, s'élève un toit de chaume bien conservé. La structure paraît grande, mais elle est principalement constituée par le volume de la paille comme on s'en rend compte une fois à l'intérieur.

Kochi eut quelques idées extravagantes concernant la construction de cette villa, et rien que le dessin des plans prit à lui seul dix ans. Le design comprend un grand nombre d'exigences plus ou moins excentriques. Par exemple, la lumière de la pleine lune devait se refléter depuis la rivière sur le plafond en osier d'un pavillon annexe. Il y a aussi plusieurs calembours graphiques, avec des noms qui s'accordent. On peut imaginer le propriétaire expliquer tout ça devant une fiole de saké avec un petit gloussement d'homme aisé.  Après les plans, la construction prit quatre ans, ce qui n'est pas très surprenant si l'on considère le travail intensif des artisans que l'on peut constater dans tous les coins du bâtiment. La construction de Garyu Sanso s'acheva en 1907.

Le personnel était très sympathique. Quand l'une des préposées découvrit que je parlais japonais, elle devint visiblement enchantée et elle commença à m'expliquer les caractéristiques et l'histoire du bâtiment avec un torrent de mots. Elle me tirait par-ci, par-là, pour mieux voir un panneau sculpté ou l'effet de la lumière sur le papier. Elle me suggéra de m'asseoir par terre pour que j'apprécie la vue d'une position plus basse, "comme un Japonais le ferait". Elle avait raison, la vue depuis le sol était ravissante. Depuis l'encadrement  de la porte, on voyait à travers les arbres jusqu'à la rivière Hiji et encore plus loin. Il s'agit là de l'effet du "paysage emprunté" que l'on voit souvent dans les jardins japonais, où les montagnes distantes et les rivières semblent faire partie du jardin. Quand nous eûmes fini, elle s'est excusée de s'être occupée de moi de manière aussi  insistante, mais elle était vraiment charmante et elle m'a montré beaucoup de choses que je n'aurais pas vues sans elle.  

Les jardins sont luxuriants et mousseux, avec des chemins faits de belles pierres variées. Il y a de nombreux éléments, dont un puits, l'entrée d'une grotte, un pavillon de thé et un tanuki en pierre. Bien que les photos ne soient pas autorisées dans la villa, le jardin est un petit paradis pour les photographes. L'un des éléments notables est l'incorporation d'arbres vivants dans les murs et les bâtiments.

Les dimanches et jours fériés d'avril à octobre, on peut participer à une cérémonie du thé pour 400 yens dans le pavillon de thé 

Il y aurait encore beaucoup d'autres choses à dire à propos de Garyu Sanso, mais ce serait mieux d'aller la visiter vous-même.

En 2011, Gyaru Sanso a obtenu une étoile au Guide Vert Michelin Japon.

Isabelle Despert Okumura

Isabelle Despert Okumura @isabelle.despert.okumura

Voilà très longtemps que je vis au Japon mais je ne cesse de découvrir le pays, ses coutumes  et ses habitants.